

Le rosé de Macarou, le vrai vin du terroir villefranchois
Vigne. Alain Estival réfute la création d'un vin rosé mélange de rouge et de blanc soutenu par l'Europe.
Le rosé de Macarou, cher à Alain Estival est né naturellement de la terre du Rouergue.
En Rouergue comme ailleurs, on se dit que lorsque le vin est tiré, mieux vaut le boire. Alain Estival, ultime vigneron de « la ceinture de vignes » de Villefranche - là même où avant guerre, la dernière s'entend, le vin coulait à plein régime dans la bastide aux accents du sud - a décidé de prendre le relais de son père Robert pour faire vivre l'ultime vigne s'époumonant dans la cité. Depuis les hauts de Macarou, les ceps courent jusqu'au cloître la Chartreuse Saint-Sauveur. Ils s'enracinent dans cette ville initiale.
Chez les Estival, pas question de jouer avec les ersatz ou les faux-semblants. Ici, on sait que lorsque le raisin rouge du sang de la terre dégouline, ce n'est pas pour singer un quelconque folklore.
Pas question un seul instant d'imaginer pomper le concept anachronique et contre-productif du vin de « Barroso », du nom du président de la commission européenne, suggérant de couper le vin rouge avec du vin blanc pour… créer un vin qui n'aurait de rosé que le nom et voué, fort logiquement, aux gémonies des vignerons vrais de vrais.
Authentique
Le vin c'est terre et la vigne, haro donc sur les alchimistes de l'aseptisation. A Villefranche, où depuis quatre générations chez les Estival, la géométrie dessinée par les ceps se confond avec le paysage, on défend cette culture de « l'amour de la vigne ». Situé rive gauche de l'Aveyron, à l'endroit même où la faille géologique partage les territoires, la vigne de Macarou bénéfice d'un ensoleillement idéal.
Uniquement travaillée à la main, elle témoigne de cet attachement à la préservation de la tradition visant à élaborer un vin de caractère qui, sans appellation aucune, traverse les ans et le temps. « Nous réalisons la vinification sur le site », exprime Alain, tout en défendant : « Ce dernier vin commercialisé à Villefranche-de-Rouergue est à la fois authentique et original. »
Ici, on sait que la vigne doit donner du temps au temps. Elle vit au rythme des hommes. En devançant parfois leurs aspirations.
En ce printemps 2 009, le rosé devance le rouge. « Logique », assure le vigneron de Macarou. « Le rouge, que cette année nous élevons en fut de chêne, n'a pas encore fait sa fermentation malo lactique, synonyme de fin de cycle. »
PRESSE


Macarou compte sur ses vendangeurs
Dès que l'automne commence à s'agiter, en surplomb de la chartreuse Saint-Sauveur, les vignes de Macarou changent de cap. Ici, après l'ami Robert, c'est son fils Alain Estival qui perpétue la tradition des vendanges dans ce qui était encore au milieu des années 1960 un bout de « la ceinture de vignes » de Villefranche.
Entre les rangées de ceps, en ce premier week-end d'octobre, le soleil d'automne appelait à la bonne humeur. Car si travail il y a, le temps des vendanges demeure ce moment privilégié où tout un chacun apporte sa contribution, sans pour autant se prendre la tête.
Pour le vigneron, qui cette année encore a investi dans du matériel pour que le nectar soit meilleur, 2010 devrait être, justement, placé sous le signe de la qualité. « Nous avons à peu près moitié moins de vendanges qu'en 2009, détaille Alain Estival, mais la manière dont nous avons travaillé nous permettra de grimper en qualité. »
Au final, la récolte devait permettre de tirer quelque 1 500 litres de vin - 1 000 l de rouge et 500 l de rosé.
Au-delà des chiffres, le vin de Macarou, qui chaque année s'impose un peu plus sur les tables des gourmets villefranchois, demeure le symbole d'un attachement au terroir et surtout à une tradition sur laquelle le temps n'a pas d'emprise. Pour preuve, la quarantaine de vendangeurs s'est retrouvée après l'effort pour un grand moment de réconfort autour du coq au vin maison et de plein d'autres bonnes choses visant à sustenter les corps et les esprits.
Le vin sera, lui, tiré le 13 octobre. Là, le verdict tombera sur les arômes, comme une épée de Damoclès.